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Présentation des polyptyques carolingiens
mercredi 27 octobre 2004, par Histobric

Qu’est-ce qu’un polyptyque ?

Le terme désigne, surtout depuis Benjamin Guérard au 19e s., les inventaires de revenus et de biens du 9e siècle[1] qu’un propriétaire foncier, aussi bien une collectivité qu’une personne physique, généralement ecclésiastique, tirait de ses terres et des individus qui lui étaient attachés. Son aspect se rattache au modèle défini par Charles-Edmond Perrin : « les censiers donnent, pour chaque villa, un aperçu sommaire des éléments qui entrent dans la composition du domaine et un tableau détaillé des différentes prestations qui, dans un tel système d’exploitation, sont mises de tradition à la charge des tenanciers »[2]. D’après Robert Fossier[3], les termes poleticum, poliptica, polyptychum ont une connotation savante et paraissent davantage réservés au vocabulaire législatif, pour désigner des inventaires sous la plume d’hommes d’église relatant l’établissement des brevia, alors que les documents ne comportent pas de titre ou sont dénommés descriptio, liber de donnibus ou encore liber censuum, rajoutés très souvent ultérieurement par des copistes. L’origine du mot, longtemps controversée, rattacherait la notion d’inventaire de domaine à celle du polyptycha, instrument du cadastre du Bas Empire romain par une « contamination » des sens qui se serait produite avant le 7e siècle. Des rédactions d’inventaires de biens ont été établies aux 7e et 8e siècles, mais c’est au 9e siècle, sous l’impulsion de l’aristocratie ecclésiastique et des souverains carolingiens, dans la suite des grandes remises en ordre politiques, religieuses et culturelles de la fin du 8e et du début du 9e siècle, que de nombreux polyptyques ont été rédigés ou mis à jour dans le scriptorium des abbayes et des évêchés en grande partie des régions centrales du royaume franc, aussi bien pour réorganiser leur temporel que pour connaître, gérer et préserver leurs biens et leurs revenus, suite à une réforme ou à un partage des biens, à une scission des menses, pour assurer aux moines ou aux chanoines le minimum nécessaire. Vers la fin du 9e siècle et au début du 10e, des polyptyques ont été établis surtout pour protéger le temporel des abbayes et des églises notamment contre les abus de certains laïcs ou après des pillages normands.

Depuis le 17e siècle, de nombreux érudits ont étudié les polyptyques, ils en ont édité certains et ils ont constitué des glossaires des termes économiques et techniques. Depuis les années trente jusque dans les années quatre-vingt, en parallèle des thèses minimalistes concernant l’économie du haut moyen-âge, la valeur du témoignage des polyptyques a été longtemps critiquée pour son manque de représentativité : en premier lieu à cause de leur connotation théorique, idéaliste faussant la réalité[4]. Ensuite par la limitation du genre dans le temps, le 9e siècle, et dans l’espace : un premier ensemble dans les régions centrales de l’empire franc principalement entre l’estuaire de la Seine, le sud de la Belgique et l’Allemagne à l’ouest du Rhin et un second ensemble en Italie du nord. D’autre part, parce que seule la « grande propriété » était atteinte, ces documents décriraient à peine un pour cent de la surface de l’occident chrétien[5]

Cependant, dès les années 1960, avec l’œuvre de Georges Duby sur l’économie de l’occident médiéval[6] et l’approfondissement des recherches impulsées par Adriaan Verhulst sur la « genèse du régime domaniale classique »[7], ainsi qu’avec l’édition de polyptyques ou leur renouvellement[8], essentiellement par des historiens allemands ou belges, les recherches sur l’économie carolingienne se sont multipliées et ont été étudiées sous de nouveaux angles : l’organisation de l’espace, les structures domaniales, le travail au sein du grand domaine, la croissance agricole, des aspects de la démographie carolingienne, l’implication des domaines dans les échanges et dans la vie urbaine. Ces éditions critiques ont l’avantage d’être très proches de l’original suite à des enquêtes codicologiques et paléographiques précises rectifiant des abréviations mal comprises, restituant l’historique du manuscrit et permettant parfois de retrouver les mobiles et les pratiques de leur élaboration. Cependant, le caractère très composite de la plupart des documents ne permet pas véritablement de dégager et de confronter les diverses couches chronologiques du texte, ce qui aurait pu être très utile pour distinguer et regrouper le vocabulaire d’une période donnée, en l’occurrence le 9e siècle, et éliminer de l’étude les expressions postérieures.

Le genre du polyptyque a donc été abondamment utilisé au haut moyen-âge, bien que peu de documents nous soient parvenus. Mais chacun a sa particularité, tant au niveau de son étendue que de sa structure, correspondant aux besoins et aux objectifs des propriétaires. Certains ne sont que de simples inventaires, des listes de biens avec un vocabulaire pauvre, pour garantir seulement des droits. D’autres sont des documents détaillés, au vocabulaire riche, parfois explicité, à la fois des témoins des techniques de gestion foncière et des instruments de rationalisation de cette gestion ainsi que des instruments de contrôle social[9], permettant de surveiller la rentrée des revenus directs et l’exécution des charges des tenanciers. Certains de ces documents ont aussi un caractère juridique affirmé : des agents domaniaux ont parcouru les domaines en dénombrant les biens devant des tenanciers libres, qui sont cités souvent dans des listes de témoins pour garantir les droits de propriété en cas d’éventuelle usurpation. Ce caractère est parfois renforcé en plaçant ultérieurement le document dans une charte de confirmation ou une Bible. De plus, ils ont pu être retouchés plusieurs fois à différentes périodes après leur confection. Jean-Pierre Devroey a montré « qu’il n’y a pas un polyptyque mais des formes de descriptions, plus ou moins adaptées aux situations réelles qu’elles interrogent et qui éclairent (ou occultent) de manière différente les aspects multiples de la société rurale »[10] Actuellement, le polyptyque est envisagé comme un instrument de la politique domaniale de la royauté et de l’église, dont le rôle dans la restructuration du monde rural est de plus en plus souligné.

Faire un glossaire du vocabulaire économique et technique des polyptyques, c’est essayer d’éclairer le sens de tous les termes touchant les mesures, les structures domaniales (centre d’exploitation, tenures, biens fonciers, bâtiments particuliers), les prestations de service et les redevances particulières employés dans ces documents en les replaçant dans leur contexte. Le vocabulaire est défini à partir des diverses utilisations des mots dans ces textes, parfois même le sens de certains termes employés au 9e siècle est directement explicité, permettant de percevoir et d’affiner la compréhension d’aspects de la vie rurale carolingienne dans les domaines. Le glossaire ainsi défini est mis en rapport avec les définitions courantes des dictionnaires[11] des index et des glossaires des éditions[12], notamment ceux des érudits du 19e siècle, qui comportent aussi des éléments de comparaison avec le vocabulaire de documents voisins contemporains. De plus, l’étude séparée de chaque source, comme si elles avaient chacune leur propre langage, puis leur rapprochement au niveau régional avant de les traiter en bloc permettra de savoir s’il y a un vocabulaire spécifique, commun à tous les polyptyques, employé par les rédacteurs pour ce genre de document et si on peut définir la forme orthographique la plus répandue de chaque terme. Les rédactions de polyptyques suivent-elles un formulaire-type ou est-ce qu’ils ont chacun leurs particularités distinctives, selon le lieu ou la période ?

Une des finalités des polyptyques est de gérer et connaître les biens que le propriétaire possède. Les rédacteurs ont pour cela procéder à des calculs pour fixer des longueurs, des surfaces ou pour délimiter le champ d’éxécution des services ou bien pour définir des redevances. Cette quantification apparaît à travers les termes de mesure, qui vont être exposés en premier lieu, avant de présenter les mots relatifs aux structures domaniales ainsi qu’aux charges, prestations de service et redevances, dues par les exploitants dépendants. Enfin, un dernier chapitre, plus statistique, sera consacré aux spécificités du vocabulaire économique et technique employé dans les polyptyques.

Un point sur les sources

Afin de donner une unité géographique à l’étude, huit polyptyques décrivant des domaines entre Loire et Rhin, les plus récemment édités, ont été préférés aux polyptyques italiens, non moins riches. Tous ces textes, datés du 9e siècle, forment un corpus chronologiquement homogène.

L’étude diplomatique des sources, tirée de leurs éditions respectives et des articles critiques, est importante pour connaître la fiabilité du vocabulaire employé et pour éliminer les termes très postérieurs au 9e siècle. Un bref commentaire sur la datation, la composition, le contexte et les motifs de rédaction suit cette description.

Polyptyque de Saint-Germain-des-Prés (dit "d’Irminon")

C’est le plus célèbre des polyptyques carolingiens, un des plus anciens, un des moins lacunaires et un des seuls dont on a conservé un manuscrit contemporain[1], d’où sa grande fiabilité. C’est aussi le polyptyque de Neustrie le plus étendu. C’est le texte le plus important par le nombre de termes économiques et techniques différents (cent soixante-quatre termes).

Le codex se trouvait à la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés jusqu’à la Révolution Française. Il appartient à la Bibliothèque Nationale sous la cote ms. fonds latin 12832,anciennement Saint-Germain, latin 439bis. Actuellement il comprend 129 feuillets inclus dans vingt cahiers, reliés ensemble pour la dernière fois au XVIIe siècle et deux fragments de description des bénéfices trouvés en 1826 par Benjamin Guérard dans un autre manuscrit de la bibliothèque de Saint-Germain[2] et réunis au volume. Il manque au moins quatre cahiers, dont les deux premiers, où aurait pu être inscrit un éventuel titre au codex et la quasi-totalité de la description des terres cédées en bénéfice.

Ce texte est tracé dans une écriture caroline attribuée au scriptorium de Saint-Germain-des-Prés, du début du IXe siècle pour 24 brefs sur 25, révélant quatorze mains. Par contre, un bref (domaine de Bitry, chapitre X) a été introduit dans un blanc du texte au XIe siècle, il a donc été éliminé de l’étude. De même, des corrections de détail et des ajouts aux brevia originaux, notamment certaines sommes récapitulatives, ont été apportés dans le courant du IXe siècle, plus occasionnellement jusqu’au XIIe siècle. Le vocabulaire postérieur à la fin du 9e ou du début du 10e siècle a cependant été retenu dans l’étude.

Le manuscrit original n’a pas d’éléments directs de datation. A la fin du XIe siècle, un moine de Saint-Germain, continuateur du De gestis Francorum d’Aimoin de Fleury, attribua le dénombrement des biens de Saint-Germain à l’abbé Irminon[3], dont il est très souvent fait allusion dans le texte. Celui-ci était abbé de Saint-Germain au plus tôt après 794 et au plus tard le 12 janvier 829, date à laquelle Hilduin, son successeur est cité pour la première fois comme abbé de Saint-Germain dans un diplôme de Louis le Pieux confirmant l’établissement d’une mense conventuelle à l’abbaye de Saint-Germain[4]. En outre, le premier fragment de la description des bénéfices est daté de l’année 823, « à l’époque de l’abbé Irminon ». Le document est donc antérieur à la division en menses et ce sont bien toutes les terres de l’abbaye qui sont décrites.

Le polyptyque décrit d’une manière homogène dans l’ensemble 25 villae ou groupements de domaines représentant chacun un chapitre (brevia) dont les pages sont divisées en deux colonnes, elles même partagées en paragraphes. Les domaines sont situés pour la plupart à quelques dizaines de kilomètres au sud-est et au sud-ouest de l’abbaye parisienne, excepté trois groupements domaniaux assez éloignés dans le Perche. La réserve des domaines est généralement décrite avec soin, en énumérant les différents biens seigneuriaux, leur potentiel productif et leur superficie, ce qui est assez rare. Suit une description soignée des tenures dépendantes, une par paragraphe : le nom des tenanciers responsables et le dénombrement de leurs enfants, l’énumération et la mesure des biens fonciers de la tenure ainsi que les charges des tenanciers, généralement d’après une tenure-type, avec parfois des nuances. Par contre, la forme des sommes récapitulatives qui terminent certains brefs est variable et le contenu de certaines sommes légèrement postérieures est parfois contradictoire avec le texte qui les précède : c’est soit une preuve de l’évolution du temporel de l’abbaye, soit le signe de nouvelles préoccupations de gestion, non plus au niveau local, mais au niveau domanial[5]. L’organisation actuelle du manuscrit semble liée selon Jean-Pierre Devroey à la répartition géographique du temporel de l’abbaye, renvoyant au parcours des agents domaniaux procédant aux inventaires et dénombrements locaux : un type de formulaire pour décrire les possessions orientales de l’abbaye, un autre pour inventorier les domaines occidentaux et excentriques de l’abbaye.

Jean-Pierre Devroey[6] a pu démontrer d’après des analyses codicologiques et paléographiques du manuscrit que plusieurs exemplaires du polyptyque avaient été confectionnés. L’un d’entre eux a été dépecé très tôt pour ajouter des brevia, sans doute à l’occasion d’une réforme profonde de la vie matérielle de l’abbaye, comme le fut l’organisation de la mense conventuelle ratifiée sous l’abbatiat d’Hilduin en 829, ou sa nouvelle composition en 872.

Le polyptyque de Saint-Germain-des-Prés est un « exemplaire de travail », dépourvu de titres de chapitres, confectionné immédiatement après les recensements locaux comme le prouve l’homogénéité des formulaires et des réponses. Il offre un reflet du travail des commissions d’enquête qui ont parcouru les domaines de l’abbaye pour procéder aux dénombrements locaux sur les bases d’un questionnaire unique très détaillé. Ce qui en fait un des documents les plus sûrs quant à la quantité et à la qualité du vocabulaire employé.

Le texte a été édité trois fois[7] : l’édition et les commentaires de Benjamin Guérard en 1844, repris ensuite en 1886 et 1895 par Auguste Longnon ont longtemps fait référence pour les médiévistes jusqu’à la nouvelle édition de Dieter Hägermann en 1993 qui synthétise tous les apports récents de la recherche.

Polyptyque de Saint-Remi de Reims

L’étude de ce document est plus sujet à caution. En effet, l’original a été perdu en 1774 après l’incendie de l’abbaye. Jean-Pierre Devroey réédita avec quelques corrections en 1984 une copie du 18e siècle retrouvée et éditée par Benjamin Guérard en 1853[8]. Cette édition a été critiquée par Pierre Desportes et François Dolbeau qui ont révélé l’existence de deux copies inconnues du polyptyque confectionnées au début du 17e siècle[9] et qui comportent quelques différences avec la copie utilisée pour l’édition. Le texte a subi de nombreux remaniements[10] souvent difficiles à discerner : le polyptyque était composé d’apports successifs au 9e siècle qui ont été « élagués » tout au long du 10e siècle avec la tenue à jour du polyptyque, sans les remplacer par la description de nouveaux domaines.

Le bref de Courtisols (chapitre 17), appartenant à un ensemble de cinquante-deux pages (p. 29 à 81) est daté du 13 mai 848, début du pontificat d’Hincmar (845-882). Il semble qu’Hincmar s’est appuyé sur une tradition de rédaction de descriptions remontant au début du 8e siècle, indépendantes de toute intervention royale, mentionnée par Flodoard dans son Historia[11]. Il semble qu’il voulait faire établir un inventaire complet des biens pour la défense du temporel des églises rémoises et de l’abbaye Saint-Remi. En effet, depuis sa fondation, l’abbaye de Reims était un monastère uni au siège épiscopal et, dans l’esprit de l’époque, la confusion était totale entre les biens et les intérêts de l’église Notre-Dame ou de l’abbaye Saint-Remi. Ce bloc des années 848-850 a été amputé du tiers. Par contre, les cinq premiers chapitres (p. 1-4) n’ont pas été rédigés selon le même type de formulaire et semblent être antérieurs. Cependant, ils ont été complétés d’une liste de dépendants et d’une somme partielle pour l’aligner sur les exigences de rédaction du nouveau recensement. C’est une marque de l’autoritarisme d’Hincmar qui voulait tout contrôler. Il voulait imposer une gestion rigoureuse des biens ecclésiastiques.

Suivent deux descriptions du fisc royal de Condé-sur-Marne, dont une vers 861 avant la cession du fisc à l’église de Reims effectuée sans doute par les agents royaux. Des ajouts et une notice des cens de Saint-Rémi ont été apportés aux 10e et 11e siècles.

Seuls les textes attestés du 9e siècle ont été étudiés : quinze descriptions de domaines, d’une somme globale ainsi qu’un chapitre séparé décrivant les bénéfices. Les cinq premiers chapitres décrivent des domaines proches de Reims et sont dus à un rédacteur unique au vocabulaire riche. Les treize chapitres suivants forment l’ensemble d’Hincmar : onze chapitres décrivant douze réserves et leurs tenures dépendantes en Champagne, essentiellement au nord de la Marne, suivis d’une somme générale et une liste de bénéfices. Ils ont été rédigés par un rédacteur unique, suivant un formulaire : il précise surtout la description des terres, prés et bois du centre d’exploitation en indiquant le nombre de parcelles, l’ensemencement, parfois la superficie. Les tenures dépendantes sont décrites par rapport à un manse de référence indiquant les responsables et leurs charges. Un dénombrement systématique des dépendants, même ceux qui résident hors du domaine, de leur statut et du cens personnel qui en découle suit cette description. Une somme intermédiaire clôt chaque description de domaine. Ce polyptyque est à la fois un instrument de gestion centralisé, un pouvoir sur la terre, encore imparfait et un moyen de domination sur les hommes. Cependant, il manque des chapitres. Certains chapitres du polyptyque détaillent très précisément l’église, son mobilier, ses dépendances et son desservant. Ils semblent qu’ils aient été rédigés sous Hincmar, qui avait astreint, vers 852, les archidiacres et les doyens de sa province ecclésiastique à une enquête précise de l’équipement religieux de ses diocèses.

Le polyptyque reste néanmoins riche en vocabulaire : bien qu’il décrive les terres avec moins de précisions qu’à Saint-Germain-des-Prés, les hommes, leur condition et leurs charges sont définis assez précisément et avec des termes variés. C’est le troisième texte, par ordre d’importance, ayant le plus de termes différents (cent trente-trois termes).

Polyptyque de Montier-en-Der

Le texte publié une première fois en 1878 par Charles Lalore[12], a été réédité par Claus-Dieter Droste[13]à partir d’une copie conservée au cartulaire de l’abbaye datant des années 1127-1164[14]. Le polyptyque pose des problèmes de datation. D’après son titre[15], la rédaction du texte serait postérieure à la division des menses par l’abbé laïque Altmarus, confirmée par Charles le Chauve, le 5 mai 845. Il serait postérieur à l’année 832, où Louis le Pieux a fait don d’un domaine royal de douze manses et il serait antérieur à un acte de Charles le Chauve daté du 6 février 857, concernant le don de vingt-deux précaires. Reprenant l’hypothèse avancée par Ferdinand Lot[16], tout en corrigeant la datation, Claus-Dieter Droste pense que le document recense l’ensemble des possessions de l’abbaye estimant que l’abbaye de Montier-en-Der était un petit établissement au 9e siècle et qu’elle ne pouvait pas avoir une fortune immobilière si importante limitée à la seule mense conventuelle. Cependant le polyptyque, qui est constitué de cinquante huit chapitres et d’une somme générale, a été transcrit d’une façon curieuse : entre les trente-sept premiers chapitres, datés du milieu du 9e siècle, consacrés à des domaines en gestion directe, et les quatorze derniers recensant des terres en précaire concédées par l’abbaye, de la même période, sont intercalés sept autres chapitres (chapitres 38 à 44), postérieurs d’environ cent cinquante ans. Ferdinand Lot les a datés de l’extrême fin du 10e s. ou du début du 11e s. pour des raisons de vocabulaire (mina, tortura). Michel Bur[17], en rassemblant toute la documentation diplomatique et narrative concernant le domaine de Vauciennes décrit au chapitre 38 a prouvé qu’il était postérieur à un règlement d’avouerie de 998, il a donc été écarté de l’étude avec les six autres chapitres postérieurs. De plus, il a montré que tous les textes du dossier de Vauciennes rattachent ce domaine à la somme des droits et des revenus dont jouissaient les moines de Montier-en-Der à l’exception de l’abbé, ce qu’on appelle au 10e siècle, en se permettant un léger anachronisme, la mense conventuelle. Il pense qu’aux yeux du scribe qui a ajouté les sept chapitres à la suite des trente-sept premiers, ces derniers représentaient la mense conventuelle de l’abbaye au moment de leur rédaction au milieu du 9e siècle[18].

Les domaines sont situés en « Champagne humide », dans la forêt du Der, dans les départements de la Haute-Marne, de la Marne, de l’Aube et de la Meuse. La description suit un inventaire classique de la réserve, dont la surface n’est indiquée que par sa semence, et les tenures, qui sont définies selon leur statut et leur nombre. Les charges suivent le modèle d’une tenure-type. Il faut noter l’uniformité du régime des manses. Il s’agirait d’entités domaniales nées en grande partie de défrichements assez récents. Sur des domaines donnés en précaire, de nombreux mancipia sans tenure exploitent des réserves étendues. Certains manses ne doivent pas non plus de services. Le polyptyque montre un régime d’exploitation encore en pleine évolution avec des domaines en formation, qui ne suivent pas toujours le domaine dit « classique » proposé par Adriaan Verhulst.

Ce polyptyque a moins de termes différents que son voisin champenois (soixante-quinze termes) mais il demeure une source très riche en termes variés, notamment le vocabulaire des mesures qui est parfois aussi explicité.

Polyptyque de Saint-Bertin

Une fois de plus le polyptyque n’est pas conservé en original. Il a été inséré dans une chronique de l’abbaye rédigée par le moine Folcuin ou sous son contrôle entre 961 et 962, elle-même connue seulement par des copies. L’inventaire, non daté, aurait été rédigé par ordre de l’abbé Adalard, avant la fin de son premier abbatiat, c’est à dire entre 844 et 859. Le titre, « breviato villarum monachorum victus » ainsi que sa brève introduction, indiquent que cette description ne touche qu’une partie du patrimoine foncier de l’abbaye qui était réservée aux moines pour assurer leur entretien et subvenir à leurs besoins, la mense conventuelle, à l’exception de la mense abbatiale.

Sur les cinq éditions du polyptyque, celle de François-Louis Ganshof, parue en 1975[19], est la référence. A partir de quatre copies des Gesta abbatum Sancti Bertini Sithiensium de Folcuin établies du 12e au 18e siècle[20], l’auteur a fournit un texte très proche de l’original et un commentaire presque exégétique.

Les domaines se répartissent sur des portions de terroirs autour de l’abbaye, au nord-ouest du Regnum Francorum, d’un côté et de l’autre des rives de l’Aa, près de l’actuelle ville de Saint-Omer.

Ce polyptyque est un document de la pratique domaniale, d’où ressort un souci d’uniformité et de rationalisation destiné à assurer une bonne gestion, répondant aux exigences de l’abbé Adalard[21]. Les éléments structurels de chaque domaine sont tous rangés rigoureusement et régulièrement suivant le même ordre, le même schéma, à quelques exceptions près : l’église et sa dotation, la réserve constituée de ses constructions et de ses biens fonciers avec leurs mesures, les manses avec leur surface (cas rare que l’on ne retrouve qu’à Saint-Germain-des-Prés), les tenanciers différenciés par leur statut et des charges récurrentes pesant sur les tenanciers. Souvent des tenures particulières déterminées par un cens ou un service se rattachent au domaine, en plus des tenures de fabrication (moulins, brasseries) et de tenures en forme de « petits domaines » affectés à des agents domaniaux. L’uniformité de la description est amplifiée par l’étendue des manses, qui sur la plupart des domaines mesurent entre dix et douze bonniers, comme le mansus integer dont Louis le Pieux aurait fait la dot minimum d’une église paroissiale[22]. Cette régularité contraste avec les nombreuses variations que l’on peut trouver dans les autres polyptyques. Enfin, une autre différence avec ce genre de documents est que celui-ci ne donne jamais de statut ingénuile, lidile ou servile aux manses, ce qui amène à penser que le patrimoine immobilier de Saint-Bertin a été réorganisé peu avant la date de rédaction du polyptyque[23]. Il a été rédigé après diverses opérations entreprises avec soin et qui ont pris certainement quelques mois : à partir d’une enquête où les agents des l’abbaye ont recueilli les données notamment sur les manses suivant le même formulaire, ce qui aurait permis d’effectuer l’égalisation puis un « remembrement »[24]. Ces recueils de données ont constitué un ensemble de descriptions sommaires, des brevia, qui ont été ensuite regroupées pour former le polyptyque. Celui-ci a eu le rôle d’instrument de restructuration dans le cadre d’une véritable politique domaniale[25]. Le régime domanial « classique » semble avoir été introduit récemment et volontairement à Saint-Bertin. Par ce souci d’uniformité et la qualité de l’édition, cet inventaire, malgré sa petite taille (cinquante-huit termes différents), est une source riche et sûre.

Polyptyque de Saint-Pierre-de-Lobbes

Le polyptyque de l’abbaye Saint-Pierre de Lobbes n’est connu que par une copie dans un cartulaire du 18e siècle, le « Répertoire des titres »[26]. L’édition de Jean-Pierre Devroey qui fournit la totalité du manuscrit doit être préférée à celle de J. Warichez[27]. L’édition s’appuie seulement sur une copie tardive, ainsi des rajouts non détectés ont pu être intercalés dans la copie[28]. A deux reprises notamment, des documents ont été insérés dans le corps du texte[29]

Comme de nombreux établissements religieux de fondation pippinide, l’abbaye Saint-Pierre de Lobbes, située en Lotharingie, sur la Sambre, en bordure du « Pays de Liège » a agrandi son patrimoine grâce aux faveurs de ses fondateurs et elle est devenue une riche abbaye convoitée. Mais parfois l’abbaye a subi aussi des déprédations commises par des collatéraux des souverains carolingiens qui l’avait reçue en bénéfice et qui s’étaient emparés de la charge abbatiale et du temporel. Ainsi, à la suite de l’usurpation d’Hubert, beau-frère de Lothaire II, à la tête de l’abbaye et qui aurait dilapidé les biens au début des années 860, la rédaction d’un polyptyque,une« descriptio villarum », a été ordonnée par Lothaire II et confiée à Jean, évêque de Cambrai vers 868-869. D’après son titre, ce document portait seulement sur la partie des revenus réservée à l’entretien des moines[30]. Arnoul de Carinthie unit ensuite officiellement l’évêché de Liège à l’abbaye en 889, que l’évêque Francon, possédait en bénéfice. Ce dernier garantit aux moines la jouissance de la moitié du temporel à condition qu’ils reviennent à l’observance des règles monastiques et il affecte pour la première fois des revenus,toutes les decimae prélevées dans les réserves, aux offices de l’hôpital et de la porterie. A cette date le document a subi des modifications et des rajouts de certains des domaines à la mense conventuelle ainsi qu’aux offices de l’abbaye.

C’est un polyptyque assez bref, bien que le vocabulaire soit assez riche (soixante-trois termes différents). Le modèle de description de la trentaine de domaines ou groupes domaniaux est classique mais parfois lacunaire : les différents éléments fonciers de la réserve, peu détaillée, les tenures dont la surface n’est pas indiquée, les charges suivent un modèle type avec une prééminence des redevances en nature et en monnaie sur les prestations de service. Aucun homme n’est cité, sauf une partie de la population non chasée où n’habitant pas le domaine. Parfois, la composition du cheptel, l’indication des quantités récoltées et une somme des revenus sont mentionnées alors qu’ailleurs des chiffres ont été omis, remplacés par des espacesblancs. Le patrimoine de Lobbes est en effet dispersé entre le Hainaut méridional, l’Entre-Sambre-et-Meuse, le Brabant et les Flandres. L’étude des formes de rédaction par J.-P. Devroey[31] a montré que des enquêteurs de l’abbaye ont dénombré dans un premier temps certains domaines suivant un formulaire unique, mais là où ils n’ont pu se rendre, notamment les domaines les plus éloignés, le rédacteur a eu recours à un formulaire plus bref, délaissant les éléments de l’inventaire local (cheptel, récolte annuelle, ...) et il n’a pu indiquer de données chiffrées, laissant des blancs dans le texte. Dans un second temps, vers la fin du 9e siècle, d’autres enquêteurs ont utilisé un autre type de formulaire,moins précis.

Le polyptyque par son style de rédaction bref avait pour but essentiellement d’évaluer les revenus et de décrire les terres après une nouvelle organisation du temporel mais aussi de protéger les moines contre de nouveaux abus et les contrôler afin qu’ils ne dispersent pas le patrimoine de la communauté.

Polyptyque de Saint-Maur-les-Fossés

Ce petit polyptyque n’est connu que par une transcription dans la Bible de Glanfeuil[32], écrit dans une minuscule du 9e siècle. L’abbaye de Saint-Pierre des Fossés à l’est de Paris, sur un méandre de la Marne, avait été envahi par les Normands qui y demeurèrent pendant un an en 861. Par un acte daté du 20 juin 867, Charles le Chauve, à la demande de l’abbé Godefred et des frères du monastère des Fossés, avait donné des biens fonciers notamment près de Reims, à 110 km au nord-est du monastère en compensation des dégâts occasionnés, comme refuge contre les Normands. En 868, les moines du monastère Saint-Maur de Glanfeuil (Maine-et-Loire), fuyant les Normands depuis 862, furent invités par Charles le Chauve à venir se fixer, avec leur relique de saint Maur, au monastère Saint-Pierre des Fossés. La fusion des deux communautés religieuses a nécessité une réorganisation de l’approvisionnement des moines, ce qui a entraîné l’établissement de ce petit polyptyque, entre 869 et 878 (nouvelle fuite des moines devant les Normands). Ce document a été inclus ultérieurement dans la Bible de Glanfeuil, probablement pour lui accorder un caractère juridique, selon Dieter Hägermann, le nouvel éditeur[33]

Le type de description se distingue des autres polyptyques : le rédacteur a dénombré les manses selon leur statut ou un type de service spécialisé, le centre d’exploitation n’est mentionné que pour certains domaines assez importants, les biens fonciers sont énumérés seulement dans ce cas. L’accent est mis sur les revenus des redevance et surtout les prestations de service qui sont très précises et très importantes. Le document riche en termes techniques bien détaillés (soixante-treize) décrit seize domaines et se clôt sur une liste de dépendants.

Polyptyque de Saint-Amand-les-Eaux

Cette source n’est qu’un fragment de la liste de bénéfices du polyptyque de l’abbaye de Saint-Amand, située près de la Scarpe et l’Escaut (Schelde), entre Flandre et Hainaut. Il nous est parvenu sur un feuillet de garde à la fin d’un codex du 9e siècle, l’Epitome Prisciani[34]. Il se compose de cinq chapitres décrivant quatre domaines donnés en bénéfice. A cause de ce caractère très lacunaire, Andreas Hedwig, le nouvel éditeur[35], n’a pu donner qu’une marge de datation très large en confrontant les noms de lieu à des documents contemporains : de 821, date de la séparation des menses à 872, où un des domaines fut soustrait à la liste des bénéfices[36]. On ne peut non plus retrouver les circonstances de rédaction du document.

Cependant, bien qu’elle soit courte, la description est détaillée notamment en ce qui concerne la réserve où de nombreux termes décrivent le centre d’exploitation ainsi que les biens fonciers, pour lesquels on a donné leur mesure et l’estimation de leur production. Le texte ne s’attarde pas sur les habitants, ni sur les tenures, qui sont seulement dénombrées, par contre l’intérêt se focalise sur les prestations de service et les redevances, particulièrement bien détaillés. Malgré la taille du document, qui se limite à une grande page, quarante-six termes techniques se distinguent. Mais malgré la richesse du registre, sa brièveté et ses lacunes par rapport aux autres polyptyques, plus importants et plus complets, ne doivent pas être oubliés lors d’une étude statistique du vocabulaire.

Polyptyque de Saint-Sauveur de Prüm

Comme presque tous les autres polyptyques, l’original a été perdu et il n’est connu que par une copie[37], exécutée en 1222 par l’ex-abbé de Prüm retiré au monastère de Heisterbach, Césaire de Myllendonck, à la demande de son successeur, l’abbé Friedrich de Stein. Dans son introduction, Césaire présente les principes de son travail : reproduire tel quel le texte original tout en traduisant et commentant, sous forme de 210 notes interlinéaires ou infrapaginales plus ou moins développées, certains termes rares. Il les définit parfois sous la forme d’une périphrase latine ou en donnant leur équivalent en langue vulgaire. Longtemps, le commentaire de Césaire a été critiqué comme ne nous informant que sur son temps. Charles-Edmond Perrin puis Dieter Hägermann et Yoshiki Morimoto ont bien montré que Césaire avait fait une copie très fidèle et que son commentaire contenait aussi bien des constatations contemporaines que des connaissances sur le passé, pouvant servir de source pour la période antérieure[38]A ses yeux, la copie gardait sa valeur juridique et elle pouvait garantir l’exercice des droits domaniaux de l’abbaye, ce qui amène à penser qu’il à donner une version fidèle et intégrale.

Le polyptyque, composé de 119 chapitres, est avec celui de Saint-Germain-des-Prés et celui de Saint-Rémi de Reims un des plus importants. Césaire date la rédaction du texte de 893. L’abbaye Saint-Sauveur de Prüm, dans l’Eifel, avait eu la faveur des Pippinides qui lui avaient permis, à côté des précaristes, d’accroître son patrimoine tout au long du 9e siècle. Cependant, en janvier 882 les Normands pillèrent le monastère et ses biens. Des travaux préparatoires d’un inventaire des revenus et des biens ont dû être entrepris à ce moment. Mais, c’est après la seconde invasion, en février 892, où une partie des archives de l’abbaye furent détruites, que le polyptyque fut rédigé, peut-être à l’initiative du nouvel abbé, Réginon. Les mobiles de rédaction furent certainement, d’une part, préserver les droits de l’abbaye sur ses biens, d’autre part, connaître l’état de ses revenus après les dévastations normandes. Le polyptyque semble être un inventaire intégral des domaines de l’abbaye. Des commissions d’enquête itinérantes auraient parcouru les domaines, très dispersés, de l’abbaye en consignant leurs renseignements dans des inventaires partiels suivant des groupes géographiques, l’Eifel, le Luxembourg, les Ardennes, le Rhin moyen, la Meuse et la Moselle. Ingo Schwab[39], qui a procuré l’édition récente et la plus fiable, pense que l’ordre des chapitres du polyptyque a été dicté par l’itinéraire de trois à cinq commissions qui auraient parcouru au total environ 3500 km en deux cents jours et qu’elles auraient enregistré tous leurs renseignements, voire les plus contradictoires, les uns à la suite des autres, sans formulaire, expliquant le caractère confus de certains passages. Cette argumentation a été critiquée par Y. Morimoto[40], qui reprenant C.-E. Perrin et L. Kuchenbuch, voit dans le désordre de certains passages les traits de remaniements ultérieurs, au fur et à mesure des changements survenus dans le monde rural. Le document est pour ce dernier auteur un ensemble achevé à la fin du 9e siècle et modifié jusque vers 950, mais il n’est pas possible de reconstituer définitivement l’original.

Les modes de description et leur précision varient très souvent. De plus la structure domaniale est différente de celle des autres polyptyques du fait de la grande dispersion des terres : les réserves sont souvent peu détaillées, parfois seulement on apprend la présence et la surface d’un pré ou d’une vigne. La description est plus prolixe sur le dénombrement des manses, dont le statut n’est pas souvent indiqué. Mais elle est surtout centrée sur les charges, services et revenus qui pèsent sur les tenanciers. L’intérêt de ce document est la précision de l’énumération de ces charges, qui diffèrent selon les personnes et le lieu. De même, on apprend souvent la période où est dû tel service ou telle redevance.

Ce polyptyque, par l’importance et la précision de son vocabulaire (plus de cent cinquante-deux termes) ainsi que par les commentaires postérieurs de Césaire est une des sources les plus riches pour l’établissement du glossaire. De plus, la localisation de sa rédaction et sa datation tardive font de ce document une base de comparaison importante, en liaison avec les autres polyptyques, des différences régionales et temporelles du vocabulaire.

Abbréviations

GER polyptyque de Saint-Germain-des-Prés (voir l’édition de référence en bibliographie)

REI polyptyque de Saint-Rémi de Reims

DER polyptyque de Montier-en-Der

BER polyptyque de Saint-Bertin

LOB polyptyque de Saint-Pierre de Lobbes

MAU polyptyque de Saint-Maur-des-Fossés

AMA polyptyque de Saint-Amand-les-Eaux

PRU polyptyque de Saint-Sauveur de Prüm

H Hainaut (regroupement régional des textes de Saint-Amand et Lobbes)

FH Flandres - Hainaut (regroupement régional des textes de Saint-Bertin, Saint-Amand et Lobbes)

BP Bassin Parisien (regroupement régional des textes de Saint-Germain et de Saint-Maur)

C Champagne (regroupement régional des textes de Saint-Rémi et Montier-en-Der)

GE Grand Est (regroupement régional des textes de Prüm, Saint-Rémi et Montier-en-Der)

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[7]Benjamin Guérard, op. cit. (12) ; Auguste Longnon, Polyptyque de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés rédigé au temps de l’abbé Irminon, Paris, 1895. Le glossaire de B. Guérard et les commentaires des deux éditions ont été pris en compte. Dieter Hägermann, Konrad Elmshäuser, Andreas Hedwig, op. cit. (10). Les références sont citées d’après cette dernière édition : le numéro du bref en chiffres romains, celui du paragraphe en chiffre arabe.

[8] La copie sur l’original vers 1774 est à la B. N. (ms. latin 9903). Édition de Benjamin Guérard, Polyptyque de l’abbaye de Saint-Remi de Reims ou dénombrement des manses, des serfs et des revenus de cette abbaye vers le milieu du IXe s. de notre ère , Paris, 1853. Édition de Jean-Pierre Devroey, Le polyptyque et les listes de cens ..., Reims, 1984. Les citations tirées du polyptyque sont indiquées par le numéro de chapitre et la page dans laquelle elles se trouvent dans cette dernière édition.

[9]Pierre Desportes, François Dolbeau, « Découverte de nouveaux documents relatifs au polyptyque de Saint-Remi de Reims. A propos d’une édition récente », dans Revue du Nord, tome 68, n° 270, juillet - septembre 1986, pp. 575-607. Cette article apporte des modifications (pp. 586-590 et p. 593) peu importantes dans l’étude de l’édition. Les corrections ont été approtées. La copie de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc est à Carpentras (Bibl. Inguimbertine 1779, f°260-321), datée des années 1620-1622. La copie destinée à Henry Spelman datée de la même époque est à Oxford (Bodl. Library, English History. c. 242, f°5-60v° et 66-70).

[10]Jean-Pierre Devroey, « Les premiers polyptyques rémois. (7e-9e s.) », dans Adriaan Verhulst (dir.), op. cit. (7), Gand, 1983, p.78. Dieter Hägermann, op. cit. (8), pp. 38-43, critique l’hypothèse de datation de J.-P. Devroey et propose de dater le texte de la moitié du 9e.

[11]Flodoard, Historia Remensis Ecclesiae, livre 3, chap. 10, M.G.H. SS. t. 13.

[12]Charles Lalore, Le polyptyque de l’abbaye de Montierender, Paris, 1878 et ibid., Collection des principaux cartulaires du diocèse de Troyes, t. 4, 1878, p. 89-115.

[13]Claus-Dieter Droste, Das Polyptychon von Montierender..., Trierer Historische Forschungen n°14, Trêves, 1988. Les citations tirées du polyptyque sont indiquées par le numéro de chapitre et la page de l’édition dans lequel elles se trouvent.

[14] Archives départementales de la Haute-Marne, série H, non coté (Stein, n° 2543), f° 120 et suiv.

[15] « Habent fratres monasterii Dervi ad victum et vestimentum hanc summam villarum »

[16] Ferdinand Lot, « Note sur la date du polyptyque de Montierender », dans Le Moyen Âge, t. 35, 1924, p. 107-117.

[17] Michel Bur, « A propos du chapitre XXXVIII du polyptyque de Montier-en-Der. Aperçu sur la structure et le fonctionnement d’un grand domaine du IXe au XIIIe siècle », dans Revue du Nord, t. LXXII, n° 287, juillet - septembre 1990, pp. 417-428.

[18] Idem, p. 427.

[19]François-Louis Ganshof, Françoise Godding-Ganshof, Antoine De Smet, Le polyptyque de Saint-Bertin ..., Paris, 1975. Les citations tirées du polyptyque sont indiquées par le numéro de chapitre et la page dans laquelle elles se trouvent.

[20]Copie C (Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer, cote 146, f° 34 à 37 v.), copie D (B. N. lat. Nouvelle acquisitions 275, pp. 85-98), copie E (Bibliothèque municipale de Saint-Omer, cote 803, pp.50-57 bis), copie F (Bibliothèque municipale de Saint-Omer, cote 815, pp.174-200).

[21] Idem, p. 133-134. Sur ce point F.-L. Ganshof se distingue de Robert Fossier, La terre et les hommes en Picardie, Paris, 1968, t. I, p. 223, qui pense que le polyptyque, par son caractère stéréotypé, reflète non pas la réalité mais seulement un idéal gestionnaire, « le reflet d’un état de choses dépassé ».

[22] Capitulare ecclesiasticum de 818-819, chapitre 10 : unicuique ecclesiae, unus mansus integer absque alio servitio adtribuatur, confirmé par Lothaire pour l’Italie : Capitulare Papiense de 832, chapitre 1 : unus mansus cum duodecim bunuariis de terra arabili.

[23]Léopold Génicot, « Sur le domaine de Saint-Bertin à l’époque carolingienne », dans Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, vol. 71, n°1-2, janvier - avril 1976, pp. 69-78.

[24]François-Louis Ganshof, Françoise Godding-Ganshof, Antoine De Smet, op. cit. (28), p. 131.

[25]Yoshiki Morimoto, « Problèmes de critique autour du polyptyque de Saint-Bertin (844-859) », dans Adriaan Verhulst, op. cit. (19), p. 149.

[26] Archives de l’État de Mons, archives ecclésiastiques, cartulaire n° 34, pp. 1-17, 19-23 et 42.

[27]J. Warichez, Une « Descriptio villarum » de l’abbaye de Lobbes à l’époque carolingienne, dans Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, t. 78, 1909, pp. 249-267. Jean-Pierre Devroey, Le polyptyque et les listes de biens ..., B. C. R. H., Bruxelles, 1986. Les citations tirées du polyptyque sont indiquées par le nom du domaine et la page dans laquelle elles se trouvent dans cette dernière édition.

[28]Les éléments étant datés du 9e et du 10e siècles, aucun terme n’a été exclu de l’étude.

[29] Jean-Pierre Devroey, op. cit. (39), p. XXIV.

[30] « Descriptio villarum quae ad opus fratrum [...] ad victum et vestimentum servire debent »,idem, p. 3.

[31]Jean-Pierre Devroey, op. cit. (37), p. LIII-LX.

[32] B. N. , ms. lat. 3, f° 407 v° et 408.

[33]Dieter Hägermann, Andreas Hedwig, Das Polyptychon und die Notitia ..., Jan Thorbecke, Sigmaringen, 1990. Édition aux pages 91 à 97. Les références sont données par rapport au numéro de chapitre et au nom du domaine.

[34] Bibliothèque municipale de Valenciennes, ms. 392.

[35] La première édition fut celle de Benjamin Guérard, op. cit. (12), t. 1, n° 19, p. 925. L’édition utilisée est celle de Dieter Hägermann, Andreas Hedwig, op. cit. (45). Les références sont données par rapport au numéro de chapitre.

[36]Idem, pp. 81-82.

[37] Landeshauparchiv, Coblence, Abteilung 18, n°2087.

[38]Charles-Edmond Perrin, op. cit. (12), p.24 ; Dieter Hägermann, « Eine Grundherrschaft des 13. Jarhunderts im Spiegel des Frühmittelalters. Caesarius von Prüm und seine kommentierte Abschrift des Urbars von 893 », dans Rheinische Vierteljahrsblätter, n°45, 1981, pp.1-34 ; Yoshiki Morimoto, « Un aspect du domaine de l’abbaye de Prüm à la fin du 9e s. et pendant la première moitié du 10e s. Essai d’une utilisation dynamique du polyptyque », dans Werner Rösener (dir.), op. cit. (7) p. 268.

[39] D’après le dernier éditeur, Ingo Schwab, Das Prümer Urbar, Rheinische Urbare, n° 5, Düsseldorf, 1983, pp. 38-155. Les références à cette édition sont données par rapport au folio et à la ligne. Les références du commentaire de Césaire sont données par rapport au folio et au numéro de la note de l’édition, précédé de l’abréviation Cés. pour Césaire.

[40]Yoshiki Morimoto, « Le polyptyque de Prüm a-t-il été interpolé ? », dans le Moyen Âge, t. 92, n° 2, 1986, pp. 265-276.

[1] [1] Jean-Pierre Devroey, « Problèmes de critique autour du polyptyque de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés », dans Hartmut Atsma, op . cit. (7). Voir l’étude codicologique et paléographique du polyptyque aux pp.441-452.Voir aussi Dieter Hägermann, Konrad Elmshäuser, Andreas Hedwig, Das Polyptychon von Saint-Germain-des-Prés ... , Bölhau, Köln, 1993, pp. II-X.

[2] [2] Ces fragments ont été retrouvés dans la couverture du ms. latin 13316 de la Bibliothèque Nationale, anciennement Saint-Germain latin 1489.

[3] [3] Ce moine de Saint-Germain, qui a transcrit et annoté la partie des Annales de Saint-Bertin rédigées par Hincmar de Reims, a relaté ce fait sous l’année 877. Il s’agit en fait d’une interpolation v. MGH SRG 5, p.134, n°3 (Aimoin de Fleury, De gestis Francorum, livre 5, chapitre 34).

[4] [4] René Poupardin, Recueil des chartes de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés des origines au début du XIIIe siècle, t.1, Paris, 1909, n°28, pp. 43-47.

[5] [5]Jean-Pierre Devroey, « Problèmes de critique ... » (n°1), p. 454.

[6] [6] Idem, p. 452.

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